Les critères ESG : des valeurs qui prospèrent

27 mars 2023 par Florence pour Gestion privée 1859

Définition des critères ESG

De plus en plus d’investisseurs misent sur des entreprises responsables. Certains choisissent de prioriser le facteur environnemental en général ; d’autres se concentrent spécifiquement sur les changements climatiques. 

Dans le détail, le facteur Environnemental analyse, entre autres, la consommation d’énergie et de ressources naturelles d’une entreprise, la gestion des déchets, la prévention des risques environnementaux, et la pollution produite par l’entreprise de façon générale (la quantité de CO2 rejetée dans l’air, les produits chimiques rejetés dans l’eau, etc.) La question du respect de la vie animale est également considérée (notamment dans les secteurs de l’agriculture et de l’industrie pharmaceutique).

Le facteur Social se rapporte aux conditions de travail et à la santé des équipes, de même qu’à leur épanouissement. L’entreprise connaît-elle les conditions de travail de sa chaîne de sous-traitance ? Les droits de la personne sont-ils respectés ? Les risques d’accident sont-ils minimisés par la mise en place de précautions sécuritaires ? Les libertés civiles et les valeurs de diversité, d’équité et d’inclusion sont-elles protégées ? 

Le critère de Gouvernance s’attache à rendre compte des bonnes pratiques de gouvernance d’une entreprise en termes de transparence dans sa méthodologie comptable et d’indépendance du conseil d’administration. Est-ce que des mesures minimales ont été appliquées afin d’éviter les conflits d’intérêts ? On évalue ici la qualité et la structure de la gestion de l’entreprise.

Rentabilité des investissements responsables

Longtemps, les différents acteurs des milieux financiers ont hésité : l’investissement responsable n’était-il pas, par définition, limitatif ? Sur ce point, le mythe est tenace : ce type d’investissement serait moins performant. Ulrich Atz, économiste et chercheur à la Stern School of Business de l’Université de New York, a compilé plus d’un millier de données officielles, démontrant que, statistiquement, un investissement ESG peut être aussi performant, voire plus performant qu’un investissement classique, surtout à long terme, ou lorsqu’il mise sur les stratégies E à bas carbone. D’autre part, l’investissement responsable pourrait s’avérer plus sûr lors d’une crise économique ou sociale. Selon cette étude, au moment de la crise financière de 2007-2009, certains investissements durables ont mieux performé et se sont redressés plus rapidement après la crise de 2008. 

Pour illustrer ces tendances, on pourrait spontanément évoquer la société privée Patagonia, qui est passée maître dans l’art de l’impact social et environnemental, selon Forbes2, tout en quadruplant ses profits au cours des dix dernières années, ainsi que l’a souligné le Times Magazine3. Mais, plus près de nous, les performances d’acteurs montréalais déterminés se sont aussi fait remarquer.

Ainsi en est-il de Natalie Voland, fondatrice et présidente de Quo Vadis Gestion Immobilière, filiale de Quo Vadis Capital. Ancienne travailleuse sociale dans le réseau de la santé, Natalie Voland est cheffe de file du mouvement B-Corp québécois, qui regroupe le fleuron des entreprises certifiées favorisant l’inclusion sociale et la défense de l’environnement. Visionnaire, fidèle à son histoire, courageuse, elle a été primée à plusieurs reprises pour son travail dédié à des projets de régénération urbaine responsables et prospères. Elle a également été invitée à enseigner le leadership durable aux grands dirigeants de ce monde, à l’Université Harvard. 

En novembre dernier, Quo Vadis Capital a annoncé avoir obtenu un prêt accordé par la Banque Nationale du Canada pour son projet immobilier de revitalisation du Complexe du Canal Lachine. Le prêt est dédié à des investissements technologiques à haut rendement énergétique. Ce projet d’urbanisme sera développé par l’Institut des villes nouvelle génération de l’Université Concordia, à Montréal. Au cœur de la stratégie, le désir d’enrayer les émissions nettes de gaz à effet de serre. 

Comme la certification britannique BREEAM (la méthode d’évaluation des bâtiments à haute qualité environnementale la plus utilisée au monde), la certification B-Corp atteste de la performance environnementale et énergétique d’un bâtiment, en plus d’inclure une clause sociale des plus exigeantes à ce jour. Natalie Voland se dit « extrêmement fière de cette transaction ». L’entrepreneure concrétise une fois encore sa capacité à attirer des capitaux grâce à un projet immobilier consciencieux qui repose sur l’approche du Triple P (People, Prosperity, Planet).

Vers une économie durable : le rôle central des institutions et des établissements financiers

À l’échelle mondiale, une pression s’exerce sur tous les acteurs financiers pour atteindre des cibles de plus en plus ambitieuses en matière d’investissements responsables, au-delà des discours. Encore imparfaite, la transition vers cette économie donne constamment lieu de nouveaux cadres réglementaires protégeant l’investissement responsable, et sollicitant la participation active des parties prenantes (employés, clients, fournisseurs…). 

En Europe, à compter du 1er janvier 2024, la nouvelle directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) exigera des entreprises qu’elles dévoilent le contenu de leurs informations extrafinancières pour permettre aux investisseurs de prendre les décisions les plus éclairées. Le texte de loi s’appliquera également aux entreprises non européennes (de taille significative) présentes sur le marché interne européen. 

Au Québec, la Fondation IFRS, bien connue des marchés financiers, a officialisé lors de la COP26 la création d’une antenne de l’International Sustainability Standards Board (ISSB) à Montréal (le siège social est en Allemagne). Cette première implantation sur le sol nord-américain soutient les efforts de robustesse et de suivi des normes ESG. L’investissement responsable progresse consciencieusement, exigeant peu à peu une transformation profonde du monde de la finance et du modèle d’affaires des entreprises.

Si Natalie Voland a conscience de son rôle de pionnière en matière d’investissements ESG, elle sait aussi combien les institutions financières sont importantes dans cette économie responsable : « Ce prêt nous permet de paver la voie pour permettre aux institutions financières de jouer un rôle encore plus grand dans la promotion immobilière basée sur les critères ESG ». 

Ce que confirme la Banque Nationale, qui a accordé le financement : « La Banque Nationale est engagée à accompagner ses clients dans la transition énergétique. Le prêt de transition à la carboneutralité accordé à Quo Vadis Capital pour la revitalisation complète du Complexe du Canal Lachine en est un bel exemple », a déclaré Laurent Ferreira, président et chef de la direction de la Banque Nationale.
 

Un investissement responsable présente plusieurs avantages : d’une part, il est démontré qu’il est rentable à long terme et plus sûr en période de crise. D’autre part, la structure de gestion de l’entreprise elle-même (G) inspire la confiance des investisseurs et des consommateurs : plus transparente, plus fiable, présentant un bilan financier fondé sur des pratiques saines. Un gage de qualité que protègent de nouvelles directives institutionnelles. Le monde des grandes entreprises de la planète se transforme et mûrit avec lucidité vers une économie durable. L’investissement écoresponsable en particulier est une vague de fond qui ne faiblira pas. 

 

1 Ulrich Atz, économiste et chercheur à la Stern School of Business de l’Université de New York, a compilé méticuleusement plus d’un millier de données officielles:  https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/20430795.2022.2106934

2 https://www.forbes.com/sites/veronikasonsev/2019/11/27/patagonias-focus-on-its-brand-purpose-is-great-for-business/?sh=fcd596954cb83

3 https://time.com/5684011/patagonia/